Iorgis Matyassy

OUAGARASTA (2010)

Lors d'un voyage au Burkina-Faso en 2010, je me suis retrouvé au sein de la communauté Rasta de Ouagadougou.

Il s'agit de jeunes qui forment une communauté, essentiellement composée de musiciens et d'artisans qui vivent au jour le jour de la vente d'objets d'artisanat, ou de toute autre activité liée au tourisme majoritairement pratiqué par des blancs. Ces jeunes sont donc en contact permanent avec des touristes européens, aussi bien des femmes que des hommes, des amitiés et des couples se forment.

Ils ont donc une identité complexe qui se nourrit des échanges qu'ils ont avec tous ces visiteurs venus de l'étranger... L'héritage Rasta (mouvement religieux apparu en Jamaïque au début du 20ème siècle par des descendants d'esclaves, qui prône le retour à la dignité universelle de l'homme noir) que revendiquent ces garçons (on trouve tout de même quelques femmes) est un phénomène qui s'est exporté notamment via la musique et que l'on retrouve dans différentes sociétés d'Afrique de l'Ouest. Cet héritage pour certain c'est le fait d'arborer un look, pour d'autre cela peut prendre une forme beaucoup plus spirituel, mais ce qui est sûr c'est que chacun incarne une identité singulière qu'il cultive. C'est ce qui m'a immédiatement interpellé et ce dont j'ai voulu témoigner par ces portraits. Le Rasta détonne, non seulement par son look authentique, mais également par la liberté qu'il incarne au vu des obligations sociétales et familiales, il est une âme rebelle qui s'indigne des injustices sociales et politiques qu'il dénonce. 

Au Burkina Faso, il y a une figure emblématique de révolutionnaire vénérée: c'est Thomas Sankara (président du Burkina de 1983 au 15 Octobre1987, date à laquelle il fut assassiné). Les Rastas du Burkina Faso se considèrent comme les principaux héritiers de son esprit révolutionnaire.